Archive for the ‘Europe’ Category.

A remarkable group photo

On 13-15 September 1999 a symposium took place in St Catherine College in Oxford,  in honor of Tony Hoare’s “retirement” from Oxford (the word is in quotes because he has had several further productive careers since). The organizers were Jim Woodcock, Bill Roscoe and Jim Davies. The proceedings are available as Millenial Perspectives in Computer Science, MacMillan Education UK, edited by Davies, Roscoe and Woodcock. The Symposium was a milestone event.

As part of a recent conversation on something else, YuQian Zhou(who was also there) sent me a group photo from the event, which I did not know even existed. I am including it below; it is actually a photo of a paper photo but the resolution is good. It is a fascinating gallery of outstanding people in programming and verification. (How many Turing award winners can you spot? I see 7.)

Many thanks to YuQian Zhou, Jim Woodcock and Bill Roscoe for insights into the picture in discussions of the past two weeks.

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Macron and Borne: profiles in courage

The French president, Emmanuel Macron, and prime minister, Elizabeth Borne, are showing incredible political courage in promoting an indispensable reform of the pension system. The international press (with the exception of one recent reasonable Washington Post editorial) has largely taken the side of the strikers, explaining sententiously that the proper answer would be to tax companies more (as to the efficiency of that approach, here is an old but still valid example, from a left-wing paper). The unions have vowed, in the words of one of their leaders, to “bring the country to its knees” and seem intent on reaching this goal literally. (It may be useful  to point out that unions in France are not what the term suggests. In other countries a union represents the workers at a company or administration. In France every organization has several unions, usually 4 or 5, competing for, typically, a small minority of the workers, but with a role enshrined in the constitution. They are really state-supported political organizations, of various political hues, several of them openly hostile to employers and to capitalism. Interesting approach.)

The reform of the pension system was part of Macron’s electoral program and has been amended repeatedly to take into account the special characteristics of manual or otherwise difficult worth. Months of attempted negotiations took place with those union representatives who were willing to talk. The extreme left and extreme right were united to defeat the reform and at the last minute, after innumerable debates in Parliament which had resulted in a majority-backed solution, intimated enough moderate-right deputies to force the government to use a special constitutional mechanism (“article 49-3”) to ram it through. Who knows how many disruptions of basic services the country will have to endure in the coming months as saboteurs of various kinds try to make good on their promise to prevent the country from functioning. The attitude of the international bien-pensant press, who fans the flames (as they did with the Gilets Jaunes protests 5 years ago),  while castigating the January 6 Washington rioters, who are of the same ilk, is unconscionable.

The entire political class knows that a reform is indispensable, and has been delayed far too long, out of the cowardice of previous governments. Macron’s and Borne’s goal is simple: to preserve France’s pension system (the very system that the opponents deceitfully accuse them of destroying), based on solidarity between generations, workers paying for retirees, as opposed to a capitalization-based system with its dependence on the ups and downs of the stock market. Thanks in particular to a generous health service, people live ever longer; the new plan makes them work a couple of years more to help ensure the sustainability of the approach. Macron is in his second, non-renewable term and has decided that he would not leave office without having carried out this part of his duty. Borne, an outstanding manager with a distinguished record, has taken the risk of sacrificing her political career by bringing the reform through. (In the Fifth Republic’s mixed presidential system, the conventional wisdom is that the prime minister is the president’s “fuse”, an expendable resource for implementing difficult tasks. Cynical and tough, but a direct consequence of the constitution designed by De Gaulle and his deputy Debré 60 years ago.)

In the meantime, Macron and Borne are showing Europe and the world what true dedication and leadership mean.

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La folie française

Nulle part, dans la cohue des exégèses du mouvement des « gilets jaunes », ne trouve-t-on l’explication pourtant évidente : c’est pour partie une affaire de droit commun et pour le reste un coup de main proto-fasciste. Rien d’autre.

L’aspect le plus clair est celui de la délinquance. Dans quel autre pays civilisé des énergumènes se mettent-ils, pour clamer leurs frustrations, à opprimer leurs concitoyens en paralysant la société par la violence ? Dans un seul. La France. Et c’est en France seulement que l’on ne trouve rien à redire. En France et dans tous les pays du monde, si vous bloquez l’entrée d’un rond-point avec votre voiture, les gendarmes arrivent et vous emmènent au poste. En France seulement, si vous faites la même chose avec trente de vos acolytes, tout le monde compatit, le préfet vient repectueusement palabrer avec vous, et Le Monde convoque un professeur de sociologie pour expliquer combien vous avez raison de souffrir du mépris des élites. Absurde et inouï. Si le gouvernement Macron a fait une erreur, c’est celle-là : au premier péage bloqué, au premier radar neutralisé, il fallait dans les dix minutes coffrer les délinquants et les déférer à la justice – quitte à elle, dans la meilleure tradition d’un pays démocratique, de les juger sans passion en écoutant leurs doléances. Mais se plier à la morgue de ces gens qui utilisent la force pour empêcher les autres de vivre leur vie et d’assurer leur subsistance ? La suite était à prévoir : l’illégalité étant officiellement sanctionnée, tout ce qu’un pays compte d’extrémistes de gauche et de droite, et de simples malfrats ravis de casser et de piller, s’engouffre dans la brèche. Mais c’est hypocrite de regretter les malheureux débordements. Avant même l’entrée des casseurs professionnels, la violence était dès la première heure la définition même du mouvement. Il ne s’agissait pas de plaintes, de pétitions, de manifestations ; il s’agissait de saboter le fonctionnement le plus élémentaire d’une société civilisée. D’empêcher les citoyens de circuler et de travailler. Dans tout autre pays les voyous se retrouvaient immédiatement en prison. En France, on les invite à la télévision.

L’illégalité de droit commun n’est que le début. L’idéologie et surtout la pratique de ces gens rappellent de plus en plus le fascisme. Le fascisme est, pour une large part, le triomphe de la force brute sur la légalité: la prise de pouvoir d’une minorité par la violence, et l’imposition par la violence de ses valeurs au reste de la société. Les 250 000 bloqueurs du premier samedi représentaient moins d’un pour cent de la population adulte. De quel droit s’arrogent-ils l’autorité de décider qui passe et qui ne passe pas ? De tabasser un jeune homme et sa compagne, partis pour le cinéma, parce qu’ils refusent de klaxonner leur approbation ? C’est pour ne pas avoir arrêté dans l’œuf ce genre d’action brutale et illégale que l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et d’autres se sont retrouvés dans les années trente sous le joug de dictatures sanguinaires. Le semblant bonhomme et sincère de certains bloqueurs de ronds-points ne peut faire illusion. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’attaque de la force brute. Celle qui ne s’embarrasse pas d’arguments et qui se contente de vous asséner : vous ferez ce que vous dis, car je suis fort, vous êtes faible, et vous êtes en mon pouvoir.

Et leurs revendications ? Tous les conservatismes, tous les refus de raisonner, tout le fiel des envieux s’y retrouvent. Le mouvement, on ne le dira jamais assez, est d’abord celui des chauffards. Qui fréquente la France des provinces sait quelle haine a suscitée l’une des réformes précédentes, la limitation à 80 km/h. La raison était pourtant simple : les ingénieurs ont calculé qu’on pouvait sauver 300 vies par an de cette façon. Les chauffards — qui fréquente la France des routes départementales les connaît bien — n’accordent aucune attention à cet objectif de salut public : non, prétendent-ils, ce n’est qu’un prétexte pour nous ponctionner un peu plus. D’ailleurs l’ire des chauffards, des gilets jaunes, se concentre sur tout ce qui améliore la sécurité routière, comme les radars. La hausse des taxes sur les carburants n’est que le prétexte suivant pour se mettre en colère, prétexte d’autant plus absurde que cette hausse survient à un moment où les prix de base chutent. Quant à la transition énergétique, personne n’y prête attention non plus. Là aussi pourtant, les scientifiques s’époumonent à nous avertir : il est minuit moins une pour faire quelque chose, sinon le monde court à la catastrophe ; accidents climatiques constants, îles englouties, migrations cette fois-ci par dizaines de millions. Vous pourrez bien bloquer les ronds-points alors. Mais non, ce sont encore ces technocrates de Paris qui veulent nous prendre notre argent.

Le problème politique est profondément et exclusivement français. Les Français sont uniques, y compris parmi leurs voisins d’Europe occidentale. L’exception française a ses attraits : le goût, la tradition, l’élégance (pas chez les gilets jaunes), l’amour pour une langue d’une beauté sans égale. Mais elle se manifeste aussi par des défauts indéracinables. Dans tous les pays du monde, le citoyen moyen comprend que pour que quelqu’un reçoive de l’argent quelqu’un doit en produire. L’état c’est moi, et toi, et elle, et lui. Pas en France (et l’on peut avoir fait Polytechnique sans que jamais on vous ait expliqué ce qui ailleurs relève de l’école communale). En France « L’État » c’est quelqu’un d’autre. Il nous prend notre argent, toujours trop, et il est tenu de nous en donner, jamais assez. Il est de bon ton de se moquer des Américains qui croient que le monde a été créé tel quel en six jours, mais les Américains, jusqu’au moins instruit, comprennent les rudiments de l’économie. Les Français non. D’où les revendications conjointes de moins d’impôts et de plus d’aides. On ne peut sous-estimer ici l’influence de la gauche à la française. Cent ans de gauchisme primaire ont profondément corrompu le conscient et l’inconscient collectifs. Les patrons sont des exploiteurs, les salariés des exploités, révoltez-vous !

La deuxième catastrophe va avec la première : l’incompréhension des règles de la démocratie et l’imputation au gouvernement en place (dans le cas présent, en place depuis à peine un an et demi) de tout ce qui va mal. Gavroche le chantait déjà : Je suis tombé par terre / C’est la faute à Voltaire / Le nez dans le ruisseau / C’est la faute à Rousseau. Il ajouterait aujourd’hui :

J’en ai pris plein le front
C’est la faute à Macron

La démocratie, comprise à la française, ce sont tous les privilèges et aucun devoir. C’est le droit inaliénable de la minorité à se venger de son sort sur les innocents. Titre du Monde : « En occupant le rond-point de Gaillon, dans l’Eure, des manifestants forgent leur conscience politique et s’exercent à la démocratie ». Remarquable. On imagine les variantes : « En tirant au bazooka sur mes voisins, je m’exerce au pacifisme ». « En volant des voitures, je m’exerce au civisme ». « En trichant à l’examen, je m’exerce à l’honnêteté ». Invraisembable inversion des valeurs : l’arbitraire et le règne de la force brute érigés en morale.

La troisième catastrophe française est le recours immédiat et constant au sabotage et à la violence. Qui vient régulièrement en France de l’étranger est habitué au phénomène, que l’on pourrait appeler, si c’était drôle, le syndrome des Galeries Lafayette : il se passe toujours quelque chose. Parfois tragiquement venu de l’extérieur, comme dans le cas du terrorisme. Mais le plus souvent interne : grève du rail, grève d’Air France, grève des contrôleurs aériens, manifestation violente, incendie de voitures (dans quel autre pays le nouvel an signifie-t-il qu’on brûle chaque année des centaines de voitures ?), blocage de l’approvisionnement en essence, grève des « intermittents du spectacle » (parce qu’on ne les paye pas assez quand ils ne travaillent pas). Résultat : dans tous les pays voisins, on peut tranquillement planifier un voyage ; en France c’est impossible, on ne sait jamais ce qui va se produire. La violence en particulier est indigne d’un pays démocratique. De ce point de vue les gilets jaunes et leurs coups de main fascisants ne font que suivre une tradition ininterrompue, et largement impunie par crainte des conséquences (toujours le règne de la force) : séquestration de patrons, occupation illégale des universités avec dégradations en millions d’euros et représailles physiques contre ceux qui osent essayer de passer leurs examens, tabassage des responsables des relations humaines d’Air France par des syndicats de type quasi-mafieux. Au-delà de la violence, le dérèglement continuel est la source principale du retard français. La France est aujourd’hui le seul pays d’Europe où les vendeurs par correspondance ont cessé de garantir des dates de livraison, pour cause de troubles. Comment accepter une situation aussi humiliante ? Si les Suisses, les Allemands et d’autres réussissent tellement mieux, ce n’est pas qu’ils soient particulièrement plus intelligents. (D’intelligence et de créativité, la France n’en manque pas, du reste elle en exporte de plus en plus, comme elle exporta ses Huguenots après 1685.) C’est tout simplement qu’ils travaillent dans un environnement stable.

Le résultat récent le plus clair et le plus tragique est l’échec de ce qui aurait pu être une chance majeure pour la France : la récupération de l’industrie financière britannique pulvérisée par l’imbécile Brexit. Paris avait tous les atouts : la magie de la ville (vous iriez vivre à Francfort, vous, si vous aviez le choix ?), un gouvernement jeune et dynamique. Mais les banquiers ne sont pas fous. La banque a besoin de calme et de stabilité. Pas d’occupations, de grèves, de blocages, de déprédations et d’émeutes. Partie perdue, irrémédiablement.

Les destructions ne sont pas des débordements du mouvement : elles sont le mouvement. Dès le début, dès le premier automobiliste empêché de se rendre à son travail, il ne s’agissait pas de protester : il s’agissait de casser l’activité économique. Déjà les commerçants, pour qui novembre et décembre sont les mois clés, annoncent la pire saison depuis des années (et demandent bien sûr des dédommagements à l’État, c’est-à-dire une ponction supplémentaire). Une conspiration au seul bénéfice d’Amazon ne s’y serait pas prise autrement. Qui ne peut voir qu’il ne s’agit en aucun cas d’une protestation politique respectueuse de la démocratie, mais purement et simplement d’une tentative de destruction du pays ?

On s’arrêtera à la quatrième catastrophe française : la démission des clercs. C’est toujours très bien vu en France de s’enthousiasmer pour des idéologies rutilantes et généralement meurtrières. C’est très, très mal vu de soutenir le pouvoir, même quand il représente la raison, le droit et l’avenir. Mais où sont donc les fameuses élites (celles contre qui, selon les poncifs, le peuple est censé se révolter) ? Elles sont occupées à trouver des excuses aux vandales. Le Monde, auto-proclamé « journal de référence » (traduction : le New York Times sans les prix Nobel et sans les correcteurs d’orthographe), a passé tout l’été sur un scandale qu’il avait monté de toutes pièces, et sacrifie quotidiennement la vérité à une espèce de bonne conscience gauchisante sans aucun souci de l’avenir du pays. Le Figaro, au lieu de rallier la bourgeoisie au seul garant possible de l’ordre, se perd en élucubrations identitaires. Libération se croit toujours en Mai 68 et ne suit plus très bien ce qui se passe. Le Canard Enchaîné, vestige de la presse à chantage des années trente, dont on ne saurait sous-estimer dans le paysage français la puissance ricanante, méprisante, délétère et invincible, propage un peu plus chaque mercredi (entre ses contrepèteries obscènes) l’image du « tous pourris ». Pour soutenir Macron, personne.

Les élites devraient pourtant se rallier en masse ; non que Macron et Philippe soient infaillibles (ils ont fait des erreurs et ils en referont) mais tout simplement parce que dans la situation politique française actuelle ils sont le seul espoir crédible d’éviter le désastre. Le désastre, c’est la tiers-mondisation accélérée, l’écroulement de l’économie et le glissement vers le totalitarisme. D’un côté, un démagogue avide de pouvoir, suppôt de toutes les dictatures, admirateur de Chavez et de Maduro (qui en quelques années ont fait d’un des pays les plus stables de l’Amérique Latine, producteur de pétrole de surcroît, un abîme de pauvreté où les enfants meurent faute de médicaments et l’inflation mensuelle est à 94%, et qui serait pour nous le modèle ?) ; de l’autre, une extrémiste incompétente, issue d’un clan familial corrompu qui n’a jamais complètement renoncé à ses sources idéologiques des années trente. Macron est jeune, intelligent, compétent, calme et veut réformer la France là où elle en a le plus besoin, pour le bénéfice même de ceux qui n’ont rien trouvé de mieux pour progresser que de faire du chantage au reste du pays. Il a été démocratiquement élu, par une majorité sans ambages. La simple éthique démocratique appelle à le laisser faire son travail. Le simple souci du salut public appelle à le soutenir.

Tous ceux qui croient en la démocratie ; qui ont confiance dans l’énorme potentiel de la France ; qui savent qu’il faut en finir avec les lourdeurs et incongruités qui la paralysent ; qui perçoivent le risque énorme de totalitarisme ; et qui refusent que la violence d’une minorité l’emporte sur l’état de droit ; tous ceux-là doivent mettre au vestiaire le cynisme et l’éternel moquerie française pour s’engager publiquement et sans réserve, sans complaisance mais sans états d’âme, derrière l’unique force qui peut éviter la descente aux enfers.

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A Marseillaise for our age

[This blog is normally in English, but today’s article is particularly relevant to French speakers. The topic: freeing a national anthem of its hateful overtones.]

Mardi dernier quatorze juillet, une fois de plus, la Marseillaise a retenti un peu partout. C’est le jour où les hommes politiques s’essayent à l’entonner, juste ou (plus souvent) faux. On peut s’imaginer, en fait on espère, qu’ils sont ici et là un peu gênés. “D’un sang impur, abreuve les sillons!“. Vraiment ? Qu’est-ce qui rend un sang si impur que tout bon patriote ait le devoir de le faire jaillir ?

Certes, c’est arrivé, il y a trois quarts de siècle, quand on a soudain avisé des centaines de milliers de Français que leur sang était désormais classé non conforme. Il y a quelques autres épisodes de ce genre dans l’histoire du pays ; ce ne sont pas — pour dire les choses poliment — les plus reluisants, et certainement pas ceux que le chant national devrait glorifier.

À entendre ces jours-ci une petite tête blonde de sept ans chanter (juste) le sang impur qui doit abreuver les sillons, je me suis demandé quelles pensées ces slogans pouvaient bien éveiller pour les enfants des écoles à qui l’on enjoint de les répéter en choeur. Et l’étendard sanglant ? Et les tyrans (Matteo Renzi ? Mario Draghi ?) qui nous envoient leurs féroces soldats non seulement mugir mais, jusque dans nos bras, égorger nos fils, nos compagnes?

Il est temps de réformer ce chant raciste et haineux. Qu’il ait joué son rôle n’est pas la question. La révolution avait ses ennemis, elle se défendait. Quand nous l’invoquons aujourd’hui, cette révolution, ce n’est pas à Robespierre et à l’assassinat de Lavoisier (la république n’a pas besoin de savants) que nous devrions faire appel, mais à son message de liberté et de fraternité. Assez de sang, de batailles, de férocité. Place à ce qui nous définit vraiment aujourd’hui.

Il ne s’agit pas de changer tous les ans d’hymne national en réponse aux modes. Il sera toujours, par nature, un peu déphasé. Mais après deux cent treize ans de Marseillaise, dont cent trente-six ans de service continu comme chant officiel du pays, il est temps de se séparer des relents les plus honteux de son texte d’origine. La musique restera, assez bonne pour avoir été reprise par Schumann, Tchaikowsky, Beethoven, Rossini et bien d’autres ; mais les paroles doivent être adaptées à ce qu’est la France moderne, tournée vers  l’avenir.

Seuls les peuples faibles ne savent s’unir qu’à travers la détestation des autres. Leurs chants sont emplis de rejets et de négations. Les peuples forts s’appuient, eux, sur des images positives. Quelle formule projette le mieux  l’attitude fière d’une nation confiante en son avenir : “contre nous, de la tyrannie“, ou “avec nous, la démocratie” ? “Un sang impur” ou “nos coeurs purs” ?  “Égorger” ou “admirer” ?Jugez-en.

Il existe des Marseillaises alternatives, mais souvent elles ne sont que le miroir de la première, avec leurs propres excès ; voir par exemple cette version sympathique de prime abord mais d’un anti-militarisme qui ne peut que diviser encore. Point n’est besoin de remplacer les anciens cris par des insultes nouvelles.

La version qui suit — chantable, respectant la métrique,  et dont je fournirai les autres couplets si elle provoque autre chose que des invectives — a un tout autre but : non pas diviser, mais réunir ; attiser non pas les différences mais les affinités ; et permettre à chacun de la chanter à pleine voix : sans honte ; au contraire, avec fierté.

Allons enfants de la patrie
Le jour de gloire est arrivé
Avec nous la démocratie
L’étendard vaillant est levé (bis)
Entendez-vous, dans les campagnes,
Frémir tous ces peuples envieux ?
Ils viennent, jusque sous nos cieux,
Admirer nos villes, nos montagnes.

(Refrain)

Ensemble, citoyens !
Renforçons notre union !
Que nos cœurs purs
Vibrent à l’unisson.

 

Résidence de l'ambassade de France, Berne, 14 juillet 2015

Résidence de l’ambassade de France, Berne, le 14 juillet 2015

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The biggest software-induced disaster ever

 

In spite of the brouhaha surrounding the Affordable Care Act, the US administration and its partisans seem convinced that “the Web site problems will be fixed”.

That is doubtful. All reports suggest that the problem is not to replace a checkbox by a menu, or buy a few more servers. The analysis, design and implementation are wrong, and the sites will not work properly any time soon.

Barring sabotage (for which we have seen no evidence), this can only be the result of incompetence. An insurance exchange? Come on. Any half-awake group of developers could program it over breakfast.

Who chose the contractors?

When the problems first surfaced a few weeks ago, anyone with experience and guts would have done the right thing: fire all the companies responsible for  the mess and start from scratch with a dedicated, competent and well-managed team.

The latest promises published are that by the end of the month “four out of five” of the people trying to register will manage to do it. Nice. Imagine that when trying to make a purchase at Amazon you would succeed 80% of the time.

And that is only an optimistic goal.

The people building the site do not have infinite time. In fact, the process is crucially time-driven: if people do not get health coverage in time, they will be fined. But what if they cannot get coverage because the Web sites do not respond, or mess up?

Consider for a second another example of another strictly time-driven project: on January 1, 2002, twelve countries switched to a common currency, with the provision that their current legal tender would lose its status only a bare two months later. The IT infrastructure had to work on the appointed day. It did. How come Europe could implement the Euro in time and the US cannot get a basic health exchange to work?

Here is a possible scenario: the sites do not work (cannot handle the load, give inconsistent results). A massive wave of protests ensues, boosted by those who were against universal health coverage in the first place. Faced with popular revolt and with the evidence, the administration announces that the implementation of the universal mandate — the enforcement of the fines — is delayed by a year. In a year much can happen; opposition grows and the first exchanges are an economic disaster since the “young healthy adults” feel no pressure to enroll. The law fades into oblivion. Americans do not get universal health care for another generation. Show me it is not going to happen.

The software engineering lessons here are clear: hire competent companies; faced with a complicated system, implement the essential functions first, but stress-test them; deploy step by step, with the assurance that whatever is deployed works.

The exact reverse strategy was applied. As a result, we face the prospect of a software disaster that will dwarf Y2K and other famous mishaps; a disaster that software engineering textbooks will feature for decades to come.

 

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The most beautiful monument of Europe

 

The most beautiful of all monuments in Europe is not the palace of Versailles, notwithstanding the Hall of Mirrors with its endless reflections of chandeliers and pillars, notwithstanding the fairy-tale grace of the Trianons, notwithstanding the sumptuous Hall of Congresses where the 1919 peace conference put a formal end … read the entire text. Le plus beau des monuments d’Europe n’est pas Versailles, malgré sa Galerie des Glaces où se reflètent à l’infini les lustres et les pilastres, malgré ses Trianons, malgré son imposante Salle du Congrès où prit officiellement fin, en 1919, … lire le texte complet en français.

 

Yes, I know, this is supposed to be a technology blog.

There are, however, times like right now when intellectuals should not remain silent — especially engineers and scientists.

I wrote the text referenced above several years ago; I don’t remember the exact date but it sounds very much Maastricht-aftermath. I have circulated it to a few friends, but think the time has come to publish it.

I am quite aware that unfolding events may make it look ridiculous. And then what? I will have done my tiny bit to bring people back to reason.

Note: I do not remember the provenance of the photograph. If informed, I would be happy to add the proper acknowledgment.

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